Pour cette saison, nous avons choisi la Messe en Ut Majeur KV167 de Mozart sous titrée "pour la Sainte Trinité".
Habituellement, nous alternons entre des saisons essentiellement sacrées et d'autres esssentiellement profanes. Après une saison consacrée à la joie en musique, un thème plutôt profane, nous devions aborder une programmation plus religieuses cette année.
Une autre contrainte que nous abordons régulièrement, c'est la nécessité d'avoir à notre programme une oeuvre d'une durée assez importante pour permettre de "rentrer dans le thème" de manière plus précise.
En fouillant dans le répertoire sacré, j'ai donc retrouvé cette Messe de Mozart qui est finalement assez peu présentée en concerts et qui offre tous ces avantages. Une durée conséquente (près de trente minutes), propre à nous imprégner d'un style et d'une interprétation, et surtout une originalité qui convient parfaitement à notre positionnement.
La Messe en ut Majeur KV167 ou Missa in honorem Sanctissima Trinitatis (Messe en l'honneur de la Très Sainte Trinté) a été composée à Salzbourg en juin 1773 par un jeune Mozart qui n'a alors que 17 ans.
Petite particularité : c'est la seule messe du compositeur à faire totalement abstraction de parties solistes et est la première qu'il compose au service du Prince Archevêque Colloredo. En 1773, Mozart vient d'achever en Italie les voyages organisés par son père à travers toute l'Europe et revient donc à Salzbourg. Il profite donc de cette première composition pour condenser l'ensemble de sa gouaille musicale dans une messe qui ressemble beaucoup à ce que sont ses opéras de l'époque comme Mitridate ou Lucio Silla, mais qui ne rencontrera pas auprès du clergé un accueil très chaleureux. D'ailleurs toutes les messes suivantes qu'il composera à la demande de son commanditaire devront se limiter à quinze minutes de musique, pas plus et il faudra attendre 1779 et sa grande Messe du Couronnement pour lui permettre d'exprimer l'étendue de sa palette musicale.
De manière surprenante, si les oeuvres religieuses de Mozart sont souvent empreintes d'une grande ferveur, le jeune homme n'a jamais été un fervent pratiquant. Il est d'ailleurs intéressant de remarquer parmi d'autres détails qu'il n'a jamais utilisé son deuxième prénom (Amadeus, qui signifie pourtant aimé de Dieu) pour signer ses correspondances. Sa foi personnelle s'est d'ailleurs plutôt manifestée dans son profond respect de l'Humanité, ce qui l'incitera d'ailleurs à rejoindre la Franc-Maçonnerie et lui vaudra un rejet par l'Eglise au moment de sa mort.
A l'écoute, c'est une messe qui reprend l'ensemble des temps de l'ordinaire (Kyrie, Gloria, Credo, Sanctus, Benedictus, Agnus Dei) mais ce qui frappe dans sa construction c'est l'importance prise par le Credo qui occupe à lui seul près de la moitié de l'oeuvre. Cependant, si la forme musicale est assez "classique", on ressent beaucoup l'intérêt du style galant de l'époque dans les ornementations choisies, et dans certains "gags" musicaux (comme par exemple cette intention forte en plein milieu des mots dona pacem qui ressemble aux coups de timbales qu'utilisera son ami Joseph Haydn dans sa symphonie n°94 "La Surprise"). Le caractère solennel est particulièrement mis en valeur par la tonalité de Do majeur, mais aussi par l'emploi, en plus des corde en formation de "sonate d'église" (donc sans voix d'alto) de 2 trompettes, 2 cors, 2 hautbois et timbales.
Tout cela mis ensemble fait de cette messe un petit bijou trop rarement présenté que nous aurons plaisir à travailler, et à affiner en cours d'année.
Pour une version assez enlevée, vous pouvez vous référer à la vidéo en tête de cette page.
Pour ceux qui souhaitent écouter une version plus "classique" et sans doute plus proche des tempi que nous utiliserons, vous pouvez vous référer à ces versions
Et pour ceux qui sont plutôt à la recherche de versions "historiques", vous pouvez vous pencher sur les deux enregistrements suivants :
Bonne écoute !
Lors des concerts de juin à Bussy et Vaires, nous présenterons le programme suivant :
En bis, non inscrit au programme, nous présenterons l'Hallelujah extrait du Messie, composé initialement en 1741 par George Frideric Handel, mais que Mozart a réorchestré en 1789.